Par Jean-François Lambert, Maître de conférences honoraires en Neurosciences à l’Université Paris 8

« L’homme occidental n’a pu se constituer à ses propres yeux comme objet de science […] qu’en référence à sa propre destruction […] » (Michel Foucault). Aurait-on jamais dû parler de sciences humaines sinon de Science Humaine ? Notre réflexion se devra de préciser d’abord les enjeux et les limites de ce qu’il convient d’appeler « science » et d’envisager ensuite ce qui peut être considéré comme spécifiquement humain. Certains proclament la fin de « l’exception humaine » (Jean-Marie Schaeffer), d’autres envisagent la « création » d’un « homme augmenté » (courant dit transhumaniste), d’autres encore osent affirmer qu’un cochon adulte est davantage une personne qu’un nouveau-né humain (Peter Singer), qu’en est-il vraiment ? Assiste-t-on à l’accomplissement ultime du réductionnisme physicaliste à l’œuvre principalement dans les sciences de la vie et de « l’esprit » ? A partir d’une relecture critique du paradigme des (neuro)sciences cognitives nous tenterons de montrer que « quelque chose » résiste à la réduction (échappe au formalisme) de sorte que tout discours scientifique raisonnable se devrait de prendre en compte sa propre incomplétude et donc de reconnaître que la science n’a pas l’exclusivité du savoir sur l’homme et qu’elle ne rend pas caduque la question du Sens.