par Philippe Laburthe-Tolra Doyen honoraire de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de la Sorbonne (Paris V)
par Michèle Vauthier Doctorante d’état en Littérature française

Philippe Laburthe-Tolra : Après les belles contributions rassemblées l’an dernier sur le thème « L’homme et la nature », notre Académie d’éducation et d’étude sociales concluait à la nécessité de s’interroger sur la nature de l’humain en lui-même. Nous devions donc en venir à nous demander : « Qu’est-ce que l’homme ? » reprenant l’interrogation du Psaume VIII devant la splendeur de l’univers : « Seigneur, qu’est-ce que le mortel que tu en gardes mémoire, le fils d’Adam que tu en prennes souci ? À peine le fis-tu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et de splendeur, etc. (Ps VIII, versets 5-6) »

La première intervention, sur « L’homme et l’espèce humaine », fut fondamentale, de la part du professeur de médecine Didier Sicard, Président d’honneur du Comité Consultatif National d’Éthique. Celui-ci relève l’ambiguïté de ce vocable « éthique », qui sert de bouclier aussi bien qu’un certain nombre d’entités en « té », telles que Liberté, Egalité, etc. Elles dispensent de réfléchir hypocritement, en transférant à la société le soin de leur prise en charge. Ceci est pour l’éthique un sujet d’amertume et d’inquiétude, certes ; mais aussi d’espérance si l’on en revient à la vraie mission de l’éthique, celle plutôt de déstabiliser. Elle souligne en effet, au contraire du réductionnisme scientiste, de la volonté de puissance, ou de l’injonction de performance, ce sentiment de fragilité qui inaugure seul en chacun d’entre nous l’homme et l’espèce humaine, et nous incite alors à la générosité du partage.